Bédié à la remise du prix Félix Houphouët BoignyCÔTE D'IVOIRE 

Côte d’Ivoire: Et si le président Bédié, n’était pas mort?

Nous venons de finir de pleurer et nous voulons donner notre avis sur ce décès rapide du président Bédié. Ainsi donc, le président Bédié ne fera plus partie du présent, comme ça ? On parlera de lui au passé comme, ce fut le cas de son père, le président Houphouët Boigny et les autres qui ont rejoint le paradis en passant par le sol. Comme une grosse boule de caillou, on vient nous annoncer le décès de celui qui a eu plusieurs sobriquets, de son vivant: N’zuéba, le Sphinx de Daoukro. Comme il le disait dans son ouvrage, le chemin de ma vie: «  la mort guette autant le nouveau-né que le vieillard » et le vieillard est mort, hélas.

Il y a de l’amertume et un goût inachevé de son vécu. Il laisse un parti politique légendaire sans dauphin et la suite nous fait peur. C’est ici, l’occasion de demander au peuple ivoirien de raffermir sa foi dans la solidarité, son entente et surtout se mettre d’accord sur certains désaccords, créés par la politique.

On peut tout reprocher au président Bédié, mais en acceptant de mourir en terre ivoirienne avec autant de moyens qu’ils disposait, qui pouvaient lui permettre se rendre à l’hôpital français américain de Neuilly, est une dernière preuve de son amour pour son pays.

Certains, dans son cas, auraient fait souffrir leur famille par des maladies sempiternelles, mais l’homme est mort d’une belle mort. On peut encore tout dire de lui, mais le président Bédié a aimé sa patrie, mais hélas, il a été sans doute mal compris ou le temps n’était pas arrivé à maturité pour que le peuple suive, mais il a laissé des sillons que les autres ont empruntés.

Bédié est mort, et nous en avons eu la preuve. Nos larmes qui n’étaient pas préparées à pleurer un gros cadavre, n’ont coulé et peut-être plus tard.

Ivoiriennes et ivoiriens, si vous ratez ce carrefour de la raison, de vous unir, fermenter votre cohésion, marquer votre solidarité, sachez que, c’est quand le mur est lézardé qui favorise aux araignées d’y tisser leur toile. Attention, sur la route de notre désolation, on a entendu des gens crier: « baba Bédié, nana Konan, tu nous as laissés à qui ? »

Les interrogations vont fuser de partout et resteront sans réponse, malheureusement. Le grand Bédié, ce baobab, dort dans un casier, les yeux fermés. Il cherche le chemin de son dernier chemin, notre N’zuéba national. 

Le voilà occuper les conversations, faire la une de tous les journaux, radios, télévisions. On n’aura pas assez de mots pour justifier nos maux, car il y en aura. Mais, nous constatons une chose, il va fédérer autour de sa dépouille, l’union, la solidarité qui ont manqué et qui vont commencer. Les adversaires et ennemis, seront assis côte à côte, les lunettes noires à leurs yeux, pour ne pas qu’on les voit, les yeux secs.

Un deuil national de 10 jours vient d’être décrété et toutes les festivités sont repoussées, à commencer par la fête de l’indépendance de son pays qui est fixée pour le 7 août et toutes les organisations sont mises en berne. 

Certains lui donnent l’âge mystique, il n’était pas aussi jeune, mais il a pu remplir sa feuille de vie. Un des rares fils de ce pays, à qui, la chance et le bonheur lui ont tout donné. Il a vécu.

On l’a aimé ou détesté, il ne prendra pas toute la terre de Daoukro pour s’en aller, mais une petite partie qui est d’ailleurs réservée, son caveau familial. Il faut que les autres s’en servent pour éviter d’être plus cruels, si durs, insensibles, égoïstes et méchants mais avant tout, être des êtres humains.

Nous revenons de Daoukro, sa ville natale, le voyage nous a épuisés, comme beaucoup attendaient notre réaction à chaud, nous la donnons pour vous supplier de nous pardonner des écarts. Le deuil est trop lourd, parce qu’il s’agit de celui que nous avons cru immortel et qui vient de nous quitter. Nous y reviendrons dans nos prochaines parutions.

                                   Joël  ETTIEN 

              Directeur de publication: businessactuality.com

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